Décidément, les artistes guinéens, semblent décidés à être en première ligne du combat pour empêcher un éventuel projet de troisième mandat en faveur d’Alpha Condé.

Après Elie Kamano, Takana Zion, c’est au tour du rappeur Djanii Alfa, de se prononcer contre cet éventuel projet.

Mais à la différence des deux précédents, l’artiste s’adresse au Président dans une lettre ouverte, sur un morceau d’environ 3 minutes.

Le rappeur invite le Président de la République Alpha Condé, à ouvrir les yeux sur réalités du quotidien de ses compatriotes, et de savoir partir pour entrer dans l’histoire.

Pour y arriver, Djanii demande au président Alpha Condé de se méfier des “ vautours qui lui tournent autour, en lui soufflant l’idée d’un éventuel projet troisième mandat”.

Décryptage

« Salut n’toma (mon homo), j’espère que tu vas bien, que tu es heureux, dors et manges à ta faim. J’espère que chez toi Kaléta ne fait pas de va-et-vient. J’espère que l’eau du robinet vient de la SEG. Après le verre de trop, je m’amuse à te défendre. Ça m’énerve, ils ont les arguments pour me descendre. Je parle de Kaléta, ils me parlent de deuil à Ratoma. Ils me parlent de Kaporo-rails quand je parle de Plazza. Ils me parlent du carburant quand je parle du PPTE. Quand je parle de réforme de l’armée, ils me parlent des enseignants, de Zogota, de l’assassinat de Mme Boiro.

Les nouvelles ne sont pas bonnes. En regardant autour de moi, je vois la colère qui monte, une jeunesse qui chôme. Je ne sais pas qui te trompe. Ta Guinée n’est plus une famille. N’toma, tu es assis sur une bombe (…).

N’toma, fais quelque chose, le peuple est malade jusqu’aux os. Il a besoin de soins, il est sans-abri et personne ne veut en prendre soin. Alors, il dort à la belle étoile en maudissant ton pouvoir », lui apprend-t-il avant de poursuivre en ces termes.

« Excuse-moi de te dire ça, mais il le fallait. 2019-2020, ça va être salé. Les vautours autour de toi ont commencé à parler d’un éventuel troisième mandat. Il paraît que tu veux t’installer. Entre nous, je te le dis, j’espère que ce n’est pas vrai, que ce sont juste des on-dit. J’espère que tu es déjà prêt à passer la main, à marquer l’histoire de ton empreinte, à être le père de la démocratie au vrai sens du terme. Le peuple se plaint. Il dit que tu es injuste avec ton bâton et ton partage du foin. Je lui parle de ton parcours, de tes 40 ans de mains propres. Il dit que celui qui n’est pas aux affaires ne peut pas se vanter d’être intègre. Je lui parle de ta lutte contre la corruption, il me parle de tes décrets de Kassory et de sa nomination. Je lui dis que tu es juste, tu n’aimes pas la démagogie, il me parle de Makanera, Domani. Alors j’essaie de noyer le poisson en parlant de tes exploits. Quand je parle des hôtels, ils disent ‘’ce n’est pas ça qu’on mange’. Quand je parle de Souapiti, ils disent ‘’ce n’est pas ça qu’on mange. Il lui conseille de s’éloigner des faux débats. ‘’Eloigne-toi de ces personnes qui militent pour un 3e mandat. Je veux que tu marques l’histoire, qu’on se souvienne de toi dans le sens du terme, qu’on apprécie tes exploits, qu’on puisse parler de Souapiti et dire ‘c’est grâce à Alpha’. Qu’on parle des hôtels et dire ‘c’est grâce à Alpha’, qu’on puisse parler démocratie et dire ‘c’est grâce à Alpha’. Mais si tu veux rester, on dit, ce n’est pas ça qu’on mange », lance Djani à son homonyme de président de la république.

 Hadjiratou Bah