Depuis quelques jours, dans quelques médias de la place et via les réseaux sociaux, on assiste à un débat tout aussi subtil qu’insidieux et fallacieux sur le leadership à la tête du ministère de l’Unité nationale et de la Citoyenneté. En filigrane, on établit un parallèle entre le ministre sortant et celui entrant. Démarche légitime et compréhensible en somme. Si ce n’était que dans la comparaison, certains font dans des raccourcis, alors que chez d’autres, les biais sont si évidents qu’il est à se demander s’ils ne cachent pas des desseins inavoués. Pourtant, ma conviction, c’est qu’autant Kalifa Gassama Diaby a montré la force de ses convictions, autant Mamadou Taran Diallo, à peine arrivé voilà bientôt trois mois, peut marquer son passage à la tête de ce département ministériel par les actes qu’il sera amené à poser. Ce, même s’il est évident que l’un et l’autre n’auront pas la même démarche.

Deux événements isolés ont particulièrement attiré mon attention. D’abord, il y a quelques semaines, dans une émission d’une des radios guinéennes, il avait été prophétisé que le budget du ministère de l’Unité nationale et de la Citoyenneté serait revu à la hausse, maintenant que le ministre qui « gênait » est parti. Eh bien, il n’en est rien. Je peux d’autant l’affirmer que j’ai moi-même procédé au rapprochement des chiffres. Et le moins qu’on puisse dire est que le résultat est sans appel. Dans la loi des finances rectificative (LFR) 2018, la dotation du ministère était de 8.714.062.000 GNF ; dans la loi des finances initiale (LFI) 2019, le même ministère est doté d’un budget de 7.420.520.000 GNF ; Il en découle qu’au lieu de croître, le budget a plutôt baissé de 1.293.442.000 GNF.

Le second événement est en rapport avec la déclaration des biens du nouveau ministre. Sur une radio de la place et les réseaux sociaux, j’ai entendu et lu que Mamadou Taran Diallo ne s’était pas conformé à l’article 36 de la constitution relatif à la déclaration des biens des hauts commis de l’Etat avant leur entrée en fonction. Personnellement, je me pose toujours la question de savoir d’où vient une telle allégation. Parce qu’elle est contraire au contenu du récépissé  de déclaration de biens n° 27 du 4 décembre 2018 du Greffe de la Cour Constitutionnelle et du rapport des investigations menées par la Cellule le Balai citoyen qui s’est particulièrement intéressée à cette dimension. Comme par enchantement ! En effet, dans ledit rapport, au rang n°22 de la liste des membres du gouvernement Kassory Fofana ayant fait la déclaration des biens, figure Mamadou Taran Diallo. Et il est confirmé qu’il l’avait faite le 4 décembre dernier.

Les attaques personnalisées malveillante sont, à l’évidence, des auto-défenses, manœuvres, diversions et fuites en avant dilatoires face à la démonstration probante de l’inexactitude des commentaires sur l’augmentation du budget et celle sur la déclaration des biens.

Comme je le disais tout au début, ces événements en apparence anodins, peuvent ne pas être si isolés, l’un de l’autre. En tout cas, en ce qui me concerne, ils sont plus ou moins en rapport avec la tendance décidément trop forte de faire la comparaison entre les deux ministres. Ce qui à priori n’a rien de mauvais. Tout au contraire, c’est un exercice qui devrait rappeler au nouveau ministre la tâche qui l’attend. Cependant, Mamadou Taran Diallo, tout en ne négligeant pas ce débat, ne devrait néanmoins pas en être l’esclave, au point d’oublier l’essentiel. Et l’essentiel, c’est quoi ? C’est, dans le respect de la discipline gouvernementale, s’attacher méthodiquement et avec toute la lucidité requise à atteindre les objectifs qui lui sont assignés dans les attributions du ministère et sa lettre de mission. En gros, il doit veiller à poser des actes et à produire des résultats dans le cadre de la promotion de la citoyenneté et de la consolidation de l’unité nationale. Pour cela, il est libre de choisir sa démarche et son approche. Il n’est pas obligé de dénoncer les tares sur la « place publique ». On n’attend pas et on ne devrait pas attendre de lui qu’il fasse comme…Il doit rester lui-même et demeurer fidèle à ce qu’il est. In fine, seul son bilan comptera. Tout le reste, ai-je envie de dire, relève de la distraction et du superflu.

Alexis Lamah, depuis Angers