C’est le président Filipe Nyusi lui-même qui l’a annoncé hier. Le cyclone Idai qui a frappé le Mozambique en milieu de semaine dernière a fait plus de 200 morts. Mais le bilan pourrait être encore plus lourd car le chef de l’Etat avait déjà, le lundi, évoqué l’hypothèse de plus d’un millier de victimes. Par ailleurs, on estime à au moins 200, le nombre de personnes portées disparues. A tout cela s’ajoute l’ampleur des dégâts causés par la catastrophe. Les vents violents et les pluies diluviennes ont en effet tout ravagé sur leur passage. Habitations, structures sanitaires ou encore écoles, … rien n’a résisté à la furie du cyclone. Le pays en général et Beira en particulier, rendus exsangues par la catastrophe, tendent la main et attendent la solidarité internationale.
Par quoi commencer ? C’est sans doute la question que se posent actuellement les autorités mozambicaines. En effet, sur place, les urgences sont multiples et les moyens pour y faire face particulièrement limités. Faut-il essayer de retrouver les personnes disparues ? Ne devrait-on pas privilégier l’inhumation des victimes pour éviter l’émergence des maladies qui pourraient en résulter ? Comment prendre en charge les victimes de traumatisme ? Que faire des élèves dont les écoles ont été détruites ? Où les sans-abris ? Bref, comme on peut l’imaginer, les autorités sont désemparées et ne savent quoi faire. D’autant que le pays n’était pas préparé à faire face à une telle catastrophe, plutôt rare sur le continent africain. Et comme cela se passe en pareil cas, le Mozambique implore la compassion du monde et attend qu’on lui vienne en aide. Mais on n’a pas l’impression que la communauté internationale soit disposée à répondre à l’appel de détresse de Maputo avec la même promptitude que ce que l’on a vu ailleurs dans des circonstances similaires. Pays lusophone ne représentant pas un enjeu géopolitique ou économique particulier, le Mozambique n’est pas une priorité pour les grandes puissances. Il s’en suit que les cris de détresse des victimes et des ONG humanitaires ne suscitent pas toujours l’émotion et la sensibilité requises.
Pourtant, il n’est pas exclu que la catastrophe à laquelle est aujourd’hui confronté ce pays de l’Afrique orientale soit consécutive au phénomène de changement climatique. Et par voie de conséquence aux activités économiques de certaines puissances de ce monde. En effet, si les scientifiques n’établissent pas forcément un lien de cause à effet entre le changement climatique et la fréquence des ouragans, ils évoquent cependant une corrélation entre la hausse des températures des océans et la puissance des cyclones. Or, avec des vents soufflant à une vitesse estimée à environ 200 km/h, on peut bien classer Idai parmi les cyclones puissants. Autrement, il n’est pas superflu de s’interroger sur la responsabilité de certains grands de ce monde quant au désastre qui affecte aujourd’hui le Zimbabwe. Quoique l’Afrique, elle-même, doit puiser de ce drame humanitaire les raisons d’une prise de conscience plus manifeste en vue d’une cohabitation plus responsable avec notre environnement.
Boubacar Sanso BARRY