Les problèmes d’agrément en Guinée sont liés actuellement aux problèmes politiques qui tournent autour de la constitution, d’un côté la mouvance qui veut coûte que coûte une nouvelle constitution et de l’autre, le camp de ceux qui sont farouchement opposés à une nouvelle constitution. Sandou 1 Daffé est président du parti Union nationale pour l’indépendance technique et économique (UNITE). Il donne son avis sur cette situation.
Sandou 1 Daffé est un homme politique qui se bat depuis des années pour avoir un agrément de son parti. Il revient ici sur les difficultés qu’il a rencontrées depuis 6 ans : «Depuis le 23 septembre 2013 nous peinons à obtenir notre agrément, pourtant nous avons suivi à la lettre toutes les procédures, mais toujours aucun résultat. Nous avons déposé une requête à la Cour suprême, les dix jours de délai impartis que la loi accorde à la Cour suprême n’ont pas été respectés et nous sommes restés jusqu’à 4 ans. Nous avions saisi l’INIDH, l’institution nationale indépendante des droits humains, qui n’a pas fait aussi grand-chose. Nous avons saisi la Cour constitutionnelle qui, à son tour, s’est dit incompétente pour agir dans ce domaine. Nous avions saisi le Médiateur de la République et le directeur juridique nous a dit de reprendre la procédure, de faire la copie de tous les documents et de leur déposé une copie. Non seulement nous avons déposé une copie à leur niveau, mais aussi nous avons déposé une copie au niveau du ministère de la Citoyenneté. Malgré tout ça, jusque maintenant nous n’avons pas obtenu notre agrément et dans ces deux jours nous avons saisi la Cour de justice de la CEDEAO. Mais là aussi, la procédure est en cours.»
Le président de l’UNITE, très déçu du pouvoir en place, se demande si vraiment la Guinée est une république : « Le président de la République se permet de tout, personne ne peut créer son association aujourd’hui, personne ne peut créer son parti politique, même une ONG, et pire maintenant même si on tient des réunions dans nos domiciles aujourd’hui on fait une descente et on les tabasse. Qui est la cause de cette anarchie ? C’est le président de la République.»
Parlant de la nouvelle constitution, Sandou 1 Daffé est catégorique là déçu : «La question-là ne se pose pas. L’article 51 dont on parle, il n’y’a aucune base juridique dans cette constitution en vigueur qui exige une nouvelle constitution à la Guinée. Quand on parle de l’Etat, l’Etat c’est la loi sinon c’est la jungle. On parle de la modification de la constitution américaine, mais en Amérique on apporte des modifications, pas un changement de la constitution. Il n’a jamais été question de changer la durée du mandat d’un président américain et vous voyez notre président qui dit que s’il y a une nouvelle constitution c’est qu’il y a un autre mandat, mais qui n’est pas un troisième mandat, plutôt un premier mandat. Ça veut dire que cette démarche de changer la constitution c’est pour renier toutes nos valeurs, et tout ce que les forces vives ont fait. Donc nous n’allons pas accepter. Le débat ne se pose pas le jour où le président de la République décide de se prononcer. Ce n’est plus le président qui va perdre le pouvoir, mais c’est le RPG qui va perdre sa place dans l’arène politique guinéenne. Le RPG sera comme le PDG-RDA de Sékou Touré ou le PUP de Feu Général Lansana Conté. Donc l’intérêt du RPG aujourd’hui c’est de surseoir à toute velléité de changement de constitution et d’amener le président de la République à respecter la loi.»
A rappeler que Sandou 1 Daffé est informaticien de formation, professeur vacataire dans les universités privées et membre fondateur de la CPR (Coalition des Partis politique pour la Rupture), une coalition d’un certain nombre de partis politiques qui a à sa tête Dr Faya Milimouno du Bloc Libéral. Il est également aussi membre du FNDC.
Hadja Mariama Diallo pour loura.info