Un deuxième cas d’Ebola a été détecté à Goma, grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, à la frontière avec le Rwanda. La capitale du Nord Kivu, qui compte 2 millions d’habitants, a connu il y a 16 jours le premier cas avéré de la maladie qui a déjà fait dans cette province et en Ituri 1790 morts. De son côté, l’Unicef s’inquiète du nombre d’enfants touchés par cette épidémie. Sur les presque 2700 malades répertoriés à ce jour, plus de 25% sont des mineurs.
Ce nouveau cas d’Ebola à Goma, a été identifié: il s’agit d’un homme qui était suivi par les soignants de Bunia mais qui a fui les équipes de la riposte.
Le professeur en virologie et directeur de l’Institut national de Recherche biomédicale, Jean-Jacques Muyembe, a fait le déplacement à Goma. C’est lui qui coordonne désormais la riposte nationale contre Ebola. Le professeur Muyembe affirme que tout est mis en oeuvre pour traiter ce nouveau cas d’Ebola. « Toutes les précautions sont prises pour que ce cas soit hospitalisé ici même, à Goma, et les molécules thérapeutiques seront acheminées de Béni, avec un médecin spécialiste, pour prendre en charge ce malade. Et déjà, des équipes de riposte sont sur le terrain pour, d’abord, désinfecter le domicile de la victime et également le centre de santé par où elle est passée. En outre, on a déjà fait la liste des contacts à haut risque et on commencera également par faire la liste des contacts des contacts. Et dès demain, ces contacts seront vaccinés avec le vaccin qui se trouve déjà ici sur place ».
Il n’y a pas lieu de paniquer, poursuit le professur Muyembe qui appelle la population à collaborer avec les équipes de la riposte. « On ne peut vaincre Ebola que si la population le veut ! », insiste le médecin.
Les enfants en première ligne de ces pathologies
2700 malades, c’est davantage que lors de l’épidémie qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014, selon l’agence des Nations unies pour l’enfance qui alerte sur la contagion dans les centres de santé fréquentés par d’autres malades que ceux d’Ebola. Car Ebola et les autres épidémies sont liées, rappelle Jérôme Pfaffmann. Pour ce spécialiste santé à l‘Unicef, si l’épidémie d’Ebola doit être endiguée, il ne faut pas oublier les autres urgences sanitaires dans l’Est de la RDC.
A elle seule, la rougeole tue par exemple autant qu’Ebola et le choléra réunis, nous explique l’expert, interrogé par notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. « On arrive à une étape, maintenant, où on ne peut pas se concentrer seulement sur Ebola. Il faut également pouvoir prendre en compte l’ensemble des besoins des enfants, que ce soit le paludisme, que ce soit la diarrhée, que ce soit la pneumonie ou la malnutrition, qui sont des enjeux majeurs dans cette région.
Il n’y a pas une compétition entre Ebola et les autres pathologies. Il n’y a pas de compétition non plus entre la pneumonie et la diarrhée. C’est juste que maintenant nous sommes dans une situation où on a des familles, des enfants, qui ont besoin de soins et il est de notre devoir d’apporter une réponse complète à ces besoins-là ».
Tous ces enjeux sont d’ailleurs intimment liés. Parce que les symptômes d’Ebola peuvent ressembler à ceux du paludisme, les enfants atteints peuvent être admis dans des centres de santé sans aucune précaution. D’autres contractent alors le virus. Autre explication. Quand ils sont malades, les plus jeunes sont souvent pris en charge par leur communauté. Multipliant ainsi les risques de contagion.
Quasiment un an jour pour jour après le début de l’épidémie d’Ebola, l’Unicef demande de l’aide pour obtenir des fonds et vacciner le plus d’enfants possible contre toutes les menaces auxquelles ils sont exposés dans l’Est de la RDC.
Source : RFI