Le 6 février de chaque année est la célébration de la journée internationale de la lutte contre les mutilations génitales féminines. A cette occasion, Amnesty International en partenariat avec Women for Africa, a organisé une rencontre des acteurs qui luttent contre les MGF intitulée « Café-échange » à son siége à Lambanyi dans la commune de Ratoma.

Au sortir de la rencontre, Pascal Sandouno, secrétaire administratif du réseau national des communicateurs traditionnel de Guinée, a affirmé que cette pratique doit être boycottée par tous : « Les gens ont accepté cette pratique sans connaître réellement quelle est son origine. Dans le cadre traditionnel, quand on dit c’est nos coutumes, c’est nos mœurs, les gens ne cherchent plus à savoir qu’elle est sa naissance, d’où ça vient. On dit seulement que c’est la tradition et on suit comme ça. Les communicateurs traditionnels, en tant que gardiens des valeurs sociétales, nous avons renoncé à la pratique mais aussi à l’avantage lié a cette pratique jusqu’à aller au boycott pour dire désormais partout où il y a pratique de l’excision, les communicateurs traditionnels ne prendront plus part et nous sommes prêts à boycotter  la pratique. »

Dr Alhassane Chérif, psychologue clinicien, psychothérapeute, président fondateur de l’Association des psychologues cliniciens et professeur de psychologie à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, pense que cette pratique est un viol: « Les conséquences psychiques sont à mettre dans le même registre qu’un viol. En fait, c’est une agression sur le corps de la femme et ce qui y a de pire ici c’est qu’on lui fait une ablation d’une partie de son corps sans son consentement. Donc ça laisse des conséquences psychologiques très très graves, ça crée aussi une baisse de la libidose, en plus il y a des conséquences physiologiques, des saignements, des fistules obstétricales. Donc toutes ces considérations créées psychologiquement, c’est une femme  à prendre en charge. »

Fatoumata Diaraye Bah, responsable de la commission Femme Amnesty International, revient sur les objectifs de cet échange qui, pour elle, permettra à la société de se débarrasser de l’excision:  » L’objectif de cette rencontre qui nous a réunis ce matin, l’idée c’était de réunir les acteurs qui luttent contre les mutilations génitales féminines. A cette occasion du 6 février, nous avons organisé cette rencontre pour réunir les acteurs qui œuvrent dans la lutte contre les MGF afin d’échanger, de partager, de discuter sur la question des MGF, les avancées, quels sont les obstacles, parce qu’il en existe bien sûr et quelles  perspectives, quelle piste de solution pour enfin sortir de cette pratique néfaste et qui n’a que des conséquences sur mes jeunes filles et les femmes dans notre pays, mais aussi partout à travers le monde. »

Malgré les efforts fournis par les institutions, les ONG ou encore des associations, le taux de prévalence reste faible parce que jusque là, la Guinée est placée 2ème  avec 94% d’excision. Les années passées, la Guinée avait un de taux de 96%, donc étant deuxième après la Somalie qui est à 98% sur le plan mondial. « On constate que dans les chiffres il y a eu une légère avancée, mais en nombre absolu, ça ne veut rien dire par rapport à l’augmentation de la population », a-t-elle conclu.

Hadja Mariama Diallo pour loura.info