Onze ans après le massacre du 28-septembre, les victimes n’ont toujours pas obtenu justice malgré les promesses réitérées du gouvernement. Les États-Unis, la France et l’Union européenne « exhortent le gouvernement guinéen à tenir un procès dans les plus brefs délais ». L’instruction est clôturée depuis fin 2017 et 13 accusés doivent être jugés par le tribunal de première instance de Dixinn statuant en matière criminelle. Mais faute d’avancée significative, les partenaires de la Guinée réfléchissent à d’autres voies de recours.
En janvier dernier, le ministre de la Justice promettait l’ouverture d’un procès pour juin 2020. Trois mois plus tard, toujours rien.
L’Union européenne a débloqué plus de quatre millions d’euros, principalement en soutien aux victimes. « Nous avons accompagné pendant tout ce temps et de façon consistante et permanente, mais l’essentiel, qui est qu’une justice officielle soit rendue, n’a pas encore eu lieu », constate Josep Coll, chef de la délégation de l’UE.
Celle-ci continuera d’intervenir financièrement et de plaider pour un procès, poursuit l’ambassadeur, « bien sûr auprès des autorités nationales parce que c’est en premier lieu elles qui doivent faire ce travail, mais il y a d’autres instances internationales qui ont la responsabilité de rendre justice lorsqu’on constate que les premières n’avancent pas. »
Le budget et le lieu du procès ont été fixés. Sékou Keïta, chargé de communication au ministère de la Justice, assure que tous les obstacles matériels ont été levés et qu’il revient maintenant au procureur de Dixinn, Sidi Souleymane Ndiaye de l’organiser. Ce dernier dit régler actuellement les dernières formalités indiquées par le code de procédure pénale.
La Fédération internationale des droits de l’homme, partie civile dans le procès, affirme dans un communiqué que « sans actes concrets pour qu’un procès s’ouvre d’ici la fin de l’année 2020, le Bureau de la procureure de la Cour pénale internationale (…) doit prendre les mesures nécessaires et ouvrir une enquête, en application du principe de complémentarité. »
Le 28 septembre 2009, des éléments des forces armées guinéennes sous la junte du capitaine Moussa Dadis Camara, prenaient d’assaut un stade de Conakry, la capitale, où s’étaient réunis plusieurs milliers d’opposants. Près de 160 personnes ont alors été tuées dans l’attaque et 1 400 autres blessées et plus d’une centaine de femmes ont été violées.
SOURCE : RFI