Les célébrations ont duré une bonne partie de la journée et de la nuit. À Tripoli, la population et les anciens rebelles fêtaient les dix ans du début de l’insurrection qui a mis fin au règne de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Alors que le maréchal Haftar a fait des anciens cadres de l’armée de Kadhafi ses alliés pour prendre le pouvoir, les artisans de la révolution libyenne à Tripoli ont redoublé de ferveur hier pour s’en prendre à leur ennemi de l’Est.
Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain. Les slogans et les symboles de la révolution du 17 février s’affichent plus fort que jamais à Tripoli. La ville n’oublie pas la longue et féroce guerre qui l’opposait encore l’an dernier au maréchal Haftar.
« Nous célébrons notre révolution ici mais dans l’est et le sud, les gens ne sont pas libres de le faire. On a attaqué des gens qui tentaient de venir de Sebha. Il y a des contre-révolutionnaire qui nous font encore la guerre », s’agace Mohamed El-Chennewi, ancien rebelle de Tripoli.
Le coup de force de Haftar a réactivé la bataille de légitimité entre le camp dit révolutionnaire et celui de l’autoproclamé Armée national libyenne du maréchal. Ahmed Laarbi a perdu sa jambe lors de la bataille de Syrte en 2011. Il ne pourra jamais entrer dans une quelconque armée…
« Moi j’ai dû fuir Benghazi à cause de ce tyran de Haftar. J’espère que notre prochain gouvernement pourra organiser les élections et qu’on pourra vraiment choisir nos dirigeants. Pour qu’ils ne s’imposent plus par la force. Les rebelles ne veulent plus se battre pour des chefs, ils veulent entrer dans une armée, une police nationale. »
« Il a fait la guerre à la Libye de Benghazi à Derna, et du sud libyen à Tripoli, reprend Mohamed El-Chennewi. Il a détruit, tué tout ce qui était sur son passage. Mais on lui fait quand même une place à la table du dialogue et il est toujours sur scène. Ça nous le refusons tout net. Nous portons un message au nom de tous ceux qui ont fait le sacrifice ultime en donnant leur vie pour cette révolution. Ils ont fait ça pour un Etat démocratique et musulman, souverain et qui garantisse l’application de la loi. Nous ne sommes pas des Islamistes, nous voulons simplement un Etat qui ne soit pas aux mains de gens corrompus ou de criminels. Nous ne voulons pas des criminels de guerre comme Haftar et des hommes politiques qui le soutiennent. Ils veulent une armée qui soit au service d’un homme et pas de la Nation. »
En réponse aux manifestations célébrant le 17 février, le vert de la Jamahiriya de Kadhafi était de sortie dans les rues de Syrte ce mercredi.
Source : RFI