Tout d’abord nous la voulons guinéenne. Nul n’a le droit de lui imposer un idéal qui ne soit pas le reflet de son âme. Notre rêve à nous n’est pas d’avoir une société guinéenne à l’image de la société. Ce n’est pas à l’homme politique, fut-il Président de la République de lui définir son identité. C’est l’histoire de toujours, qui a façonné notre peuple. Dans notre structure mentale et anthropologique, nous sommes Guinéens. Nous sommes aussi un peuple laïc. Pour notre malheur, notre société a connu dans un passé ressent des politiques qui nous avait conduit à l’ethnocentrisme. Celle-ci a aggravé notre destin en déséquilibrant les fondamentaux de notre identité en tant que nation.
Aujourd’hui il faut rééquilibrer de nouveau notre société dans ses valeurs, dans ses modalités fonctionnelles dans ses repères sociétaux. Elle doit rétablir son centre de gravité psychologique et socio-historique. L’emprise des passions, l’archaïsme des mentalités, les traditions désuètes et les manipulations idéologiques ont été trop souvent des filtres empêchant l’instauration dans le pays, de l’Etat de droit et de la démocratie. Une relecture saine et sereine de notre première source spirituelle permettrait la fondation d’une société moderne, décomplexée, où les libertés, les droits et les devoirs des citoyens seraient respectés sans restriction, sans discrimination, sans exclusion. C’est à la lumière de ces principes que notre société doit se réformer. Nous avons besoin de plus de justice, de plus d’égalité, de plus de respect entre nous en tant que citoyens, entre forts et faibles, entre hommes et femmes mais aussi entre les gouvernants et les gouvernés. Les Guinéens doivent se sentir profondément citoyens, copropriétaires de leur nation et non pas des sujets réduits par des pouvoirs tyranniques et corrompus à de simples individus sans conscience, sans volonté propre ni ambition légitime. Ainsi, nous devons établir des liens d’amitiés, d’intérêts et au moins de paix, avec les nations. La Guinée doit redonner un sens à son action dans le monde. Elle a toujours été aux côtés des plus faibles pour les luttes de libération. C’est notre devoir de les aider autant qu’il est possible. Mais la Guinée doit aussi avoir une lecture réaliste des enjeux mondiaux.
Nous devons aussi expliquer et défendre nos intérêts fondamentaux à tous nos partenaires majeurs. Les puissances mondiales ont aussi intérêt à trouver en nous des partenaires responsables, compétents et actifs. Il est capital de reconvertir nos réflexes de rentiers en une attitude nouvelle donnant la primauté à la production, l’innovation, et l’échange équilibré. L’agriculture, la petite et moyenne industrie doivent être mise en priorité nationale. Rééquilibrer nos comptes, notre balance commerciale, notre consommation, doivent être des objectifs stratégiques. Pour atteindre ce dynamisme, il faut insuffler un nouveau sens dans notre société. De nouvelles valeurs doivent émerger, entrainant de nouveaux comportements plus sains et préservant nos richesses naturelles et évitant les déperditions mortelles de l’économie rentière. Vous l’aurez compris, pour cela, il nous faut une nouvelle école, une autre université. L’homme doit être au centre de nos préoccupations. L’éducation de nos enfants doit être la priorité des priorités. L’instruction, le savoir, la technologie, mais aussi l’éthique et la morale construiront alors l’univers mental d’un peuple en plein devenir. On ne peut pas s’occuper de la Guinée et délaisser les Guinéens ! Il faut que nos concitoyens s’intéressent à la vie publique, à la vie politique. La presse doit être libre et critique, des partis politiques vigoureux et en bonne santé, une élite autonome, une société civile active, des syndicats efficaces. Nous avons besoin de citoyenneté, d’ordre, de sécurité, mais aussi d’autorité, de régulation, de présence de l’Etat, de prise en charge effective des besoins d’une société en plein développement !
Notre peuple a besoin d’une vie collective ordonnée, simple, paisible. La Guinée a également besoin d’une morale publique. La moralisation de notre vie nationale devra être un objectif partagé par toute la société. Pour tout cela et pour beaucoup d’autres choses encore, il nous faut réussir le rendez-vous qui nous attend.
Goudoussy Diallo, secrétaire national chargé des adhésions de l’UDRG