Dans une interview accordée ce mercredi, 20 avril 2022, à la rédaction de loura.info, le président du Rassemblement Pour la République (RPR) s’est prononcé sur le cadre de concertation inclusif enclenché par le CNRD. Diabaty Doré est membre de l’ANAD dont il est un des vice-présidents. Il a expliqué pourquoi sa coalition a boudé le cadre de concertation inclusif lancé le 15 dernier au palais Mohamed 5.
Loura.info : Monsieur Diabaty Doré, pourquoi vous avez boudé le cadre de concertation inclusif lancé par le CNRD, sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation ?
Diabaty Doré: » Écoutez, vous savez très bien que la classe politique est demanderesse du cadre de dialogue depuis le 05 septembre 2021 et, après 6 mois, 7 mois, on nous offre un cadre de concertation. Alors que dans un passé récent, nous avions été reçus par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Nous avons été clairs avec le ministre, que nous voulons un cadre strictement politique, avec des partenaires techniques et financiers, avec la société civile, les membres du CNRD, le gouvernement et un facilitateur de la CEDEAO, et c’est par voie de presse que nous avons entendu le décret du Président en instaurant un cadre de dialogue tout en créant un secrétariat technique composé de trois personnes et qui seront nommées par lui (Président de la République). C’est ce secrétariat qui va essayer d’élaborer un ordre du jour. Ce n’est pas ça le dialogue. Le dialogue, vous vous retrouvez ensemble et vous convenez sur un ordre du jour sur les thématiques à discuter. Mais si déjà vous avez fait un travail, je l’avais déjà dit, le vendredi 15 avril, non seulement nous avons assisté à l’ouverture du cadre de concertation, mais aussi à la clôture. Parce que le document qui a été présenté par le ministre de l’Administration du territoire qui est composé de dix points, on se demande qui a fait le travail, quand et où? On nous impose un document et par la fin on nous demande de faire des propositions du chronogramme ou de la durée de la transition. Non, ce n’est pas comme ça. Mon colonel Mamadi DOUMBOUYA, c’est pas comme ça. On n’impose pas. Une transition c’est déjà une crise, une transition est politique. Il faut que les acteurs se retrouvent autour de la table pour des questions nationales. La transition n’est pas là pour le développement. Encore une fois, il faut que les gens mettent en tête quand on a pris le pouvoir par les armes, qu’elle que soit la manière, qu’elle que soit la circonstance, tu n’es pas là pour le développement. Faites tout possible pour que le pays retourne à l’ordre constitutionnel. Et pour cela, il faut organiser des élections transparentes et crédibles. Laisser le soin au peuple de Guinée de choisir son président, ses députés, ses maires et ses conseillers.
Mory Condé vous a tendu une main fraternelle, comme l’a indiqué la lettre à vous adresser, pour que vous reveniez au cadre de concertation inclusif. Qu’allez-vous faire ?
C’est une main tordue, et puis, c’est une main qui est venue tardivement. On ne peut pas répondre. Nous, on a tenu une réunion avant-hier. Nous avons été clairs. On n’a pas à répondre à cette invitation. Non seulement, je me demande pourquoi on nous a adressé ce courrier ? Les partis politiques qui étaient dans la salle sont mieux placés pour répondre à ce courrier, mais ce n’est pas à nous. Nous ne répondrons pas, parce que déjà, c’est pour faire fuir ou bien c’est pour montrer à la CEDEAO que voilà tous les acteurs ont vraiment fait des propositions et que la majorité a dit 10 ans ou 20 ans. Je ne sais pas qu’est-ce qu’ils veulent. Parce que le document qui a été publié, qui a été lu à la télévision par le ministre de l’Administration du territoire, croyez-moi, le recensement dont il parle aujourd’hui, ça va prendre deux ans. Le dernier recensement en Guinée c’était en 2014 et le prochain recensement final, ça sera en 2024. Le processus commence en 2022. La Côte d’Ivoire a commencé en 2020, aujourd’hui, ils sont en train de finaliser. Donc, nous n’allons pas répondre à ce courrier.
Quelle sera votre démarche à partir delà ?
On est en train de se retrouver. On est en train de mettre des stratégies en place. Dès après le ramadan, vous serez situés, informés de la suite de notre programme, parce qu’on ne peut pas laisser le pays dans la main du CNRD qui est en train de faire du n’importe quoi. Le pays ne leur appartient pas seuls. C’est pour nous tous et ils seront obligés qu’on se retrouve autour de la table. Mais je leur donne un conseil, il faut éviter les sanctions de la CEDEAO. Ça fait 10 ans les Guinéens sont dans la souffrance, il ne faudrait pas encore augmenter cette souffrance. Parce que ce qui se passe au Mali, tout le monde voit. Le Mali avait dit cinq ans après 18 mois, et aujourd’hui ils se retournent jusqu’à deux ans. Donc, mon colonel, il faut éviter. C’est le temps pour vous de rentrer dans l’histoire, en faisant quoi ? En appelant tout le monde pour qu’on trouve un consensus par rapport à la durée de la transition.
Entretien réalisé par Bailo Baldé pour loura.info