En réponse à la sortie du porte-parole du Gouvernement qui parle de différence entre la transition et le processus d’un retour à l’ordre constitutionnel, le président de l’Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement (UGDD), a déclaré que c’est malheureux venant d’un intellectuel de son rang.
Loura.info : Vous avez suivi les propos du porte-parole du Gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, qui a déclaré qu’il faut distinguer la transition du processus d’un retour à l’ordre constitutionnel. Selon lui, la transition, c’est à partir du 05 septembre et le retour à l’ordre constitutionnel est relatif au démarrage des activités du chronogramme. Quelle appréciation donnez-vous à cette sortie  ?
Pépé Francis Haba : J’ai appris cette communication du Gouvernement à travers son porte-parole. Alors, c’est malheureux que notre pays ne tire pas les leçons du passé. C’est malheureux qu’on ne prenne pas les bons exemples. Qu’on veuille toujours retarder notre pays alors que les pays de la sous-région sont en train de se développer, sont en train de mieux partager les richesses que leurs populations sont en train de bénéficier. Comment est-ce qu’un gouvernement des intellectuels peut différencier une transition à un début de chronogramme pour un retour à l’ordre constitutionnel ? Cela est inacceptable. Je rejoins le porte-parole du gouvernement qui disait en 2019 que la folie  est une pathologie que le pouvoir déclenche parfois. Je pense qu’il faut assez rapidement que les forces vives de la nation, à travers la classe politique, la société civile et la communauté internationale, se lèvent comme un seul homme pour dire stop, stop à la folie, stop aux gens qui sont en train de vouloir plonger notre pays dans une autre crise. Je pense qu’il est inadmissible que dans une République qu’une certaine classe de la population  pense être au dessus des lois et que ça doit toujours être les pauvres populations, la classe politique, la société civile qui subissent ces crises répétées. Je pense que nous devons sortir de là. C’est tout simplement malheureux. Je ne peux pas avoir d’autres explications. »
Justement, selon Ousmane Gaoual Diallo, les manifestations que vous avez annoncées pourraient freiner le processus de la transition. Comment réagissez-vous à cela ? 
Je ne vois pas en quoi une manifestation peut déranger une transition. Vous savez, nous sommes quand même dans une République, nous sommes dans une démocratie. Même en période de crise sanitaire dans les grandes démocraties, on pouvait manifester. La manifestation en aucun cas ne peut entraîner un quelconque retard de notre transition. Ce qui peut retarder notre transition, ce qui peut mettre notre pays dans une crise sans précédent, c’est quand le gouvernement,  le CNRD s’en ferment, c’est quand ils font la sourde oreille de n’écouter personne, c’est quand ils pensent que c’est eux qui détiennent le titre foncier de notre pays. ça, nous n’allons pas l’admettre. La classe politique et les forces vives de la nation vont manifester tout simplement parce que le CNRD et le gouvernement ne veulent pas un dialogue avec les acteurs. Parce qu’ils pensent qu’ils sont dans la cour du roi et que c’est eux qui doivent dicter leur dicta, alors que c’est pas possible. Nous sommes dans une anomalie, c’est le consensus qui doit prévaloir, et sans ce consensus, et malheureusement nous, classe politique, nous avons mis en place une commission pour réfléchir sur toutes les stratégies possibles. Ça peut être des stratégies d’ordre juridictionnel, ça peut être des stratégies pour mobiliser nos bases pour pouvoir manifester, mais nous n’allons pas accepter que notre démocratie soit prise en otage, que notre démocratie soit confisquée par un groupe de militaires et son clan qui pensent que la Guinée doit appartenir uniquement à eux seuls. »
Que répondez-vous au porte-parole du Gouvernement qui soutient que les ministres de la transition ne perçoivent aucun salaire pour le moment ?
Ce n’est pas ce qui va améliorer le panier de la ménagère. Nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons le budget des ministères, nous connaissons ne serait-ce que la quantité de carburant qui est octroyée à un ministre par mois. Alors, nous savons tous les avantages liés à leurs fonctions, eux ils le disent parce qu’ils sont dans les traces du pouvoir, et quand il y a problème ils ont des prix pour quitter la Guinée, mais nous nous sommes là, nous sommes des soldats de la démocratie. Je pense que ce n’est pas l’importance pour notre pays. L’important pour notre pays, c’est la démocratie, c’est la démocratie qui peut développer une nation, c’est le respect de l’État de droit, c’est ce qui attire les investisseurs. Ce n’est pas quand un ministre ne perçoit pas un salaire pendant quelques mois. »
un mot de la fin?
C’est de demander aux comités de base, aux sections et fédérations, aux structures de base de l’Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement (UGDD), de s’apprêter, de continuer à remobiliser, à redynamiser les structures pour que le moment venu nous puissions parler d’une même voix avec le G58 élargie au RPG-ARC-EN-CIEL et alliés.

Entretien réalisé par Bailo Baldé pour loura.info